Le Major ne galope plus
Légende du football mondial, Ferenc Puskas s’est éteint ce 17 novembre à 79 ans. Figure emblématique du grand Real Madrid des années 50 et de la géniale Hongrie, Puskas aura marqué son siècle.
« Ferenc Puskas est mort. » Nous sommes en 1956. Une insurrection éclate en Hongrie, à Budapest. Joueur du Honved, club de l’armée magyare, Fernec Puskas reçoit le conseil de quitter le pays. Au plus vite. Il n’est en effet pas décédé comme l’annonce la radio. Heureusement pour le football. Car si les gens de moins de 20 ans peuvent ne pas connaître Ferenc Puskas, ceux qui ont vu jouer le Major galopant, le surnom de celui qui n’était que commandant de l’armée hongroise, témoigneront de l’immense talent de Puskas.
Ce gaucher au dribble fin et au sens du but aiguisé aurait pu être brésilien. Mais il est né en Hongrie en 1927. « Ocsi » est vite repéré pour son talent rare. A 16 ans, il débute en équipe première au Honved et à 18 ans en sélection nationale. Malgré un embonpoint étonnant, ce joueur va prendre de vitesse tous les défenseurs d’Europe. La Hongrie, pendant son règne, va rester invaincue de 1950 à 1954, ne perdant qu’en finale de la Coupe du Monde face à l’Allemagne. Puskas ne sera pas champion du monde et se contentera du titre olympique obtenu en 1952.
En club, un tel joueur ne pouvait se contenter d’un destin national. En 1956, la crise hongroise permet aux meilleurs joueurs de s’exiler. Avec un passeport diplomatique, il part en Autriche alors que l’armée russe réprime les manifestations. Puskas ne reviendra pas au pays. Sa carrière est-elle terminée ? Non car le Real Madrid a engagé l’ancien patron technique du Honved, Emil Osterreich, qui conseille au club espagnol de recruter un Puskas bedonnant, enfermé dans un camp de réfugié, sans un sou ou presque.
Le joueur arrive en Espagne en surpoids mais perd 20 kilos pour retrouver la forme : son efficacité légendaire ne tarde pas à revenir. Le Real Madrid profite à plein de son talent de 1958 à 1967, avec trois Coupes d’Europe des clubs champions en prime. Puskas, Di Stefano, Kopa, Gento et Rial. Le Real Madrid n’oubliera jamais cette quinta de génie. Avec le décès de Puskas, c’est un peu une partie de l’histoire de ce club qui s’en va. Et un peu de celle de l’histoire du football, tout simplement.